Quelques îles au sud du Danemark


Depuis une dizaine de jours, nous sommes au Danemark, lancés sur la mer Baltique.


Déjà, cette mer nous séduit et nous étonne : elle est belle et bleu, on retrouve des voiliers plus petits, elle est calme et plate quand le vent est doux mais, quand elle se lève, ses vagues sont courtes et très désagréables pour Luciole qui se plante dedans. L’autre changement, c’est le vent : il est souvent plus fort que les prévisions, alors on s’adapte et on est plus prudents, on fait un peu moins confiance à nos cartes météo préférant les exagérer à chaque fois.


Première escale : Langeland et le petit port de Bagenkop, la porte d’entrée au Danemark pour les plaisanciers allemands. L’île est très calme, quelques centaines d’habitants l’hiver. Pour nous : repos et course à pied dans les champs, à la recherche des chevaux sauvages typiques de cet endroit. On commence à gouter à l’état d’esprit Danois : beaucoup de bienveillance, beaucoup d’équipements auto-gérés (les ports sont tous équipés de barbecues partagés, de salles communes, de cuisines ouvertes…), et donc une grande confiance dans l’autre. Ça nous plaît.


À Bagenkop se posent dans nos têtes beaucoup de questions : nous sommes enfin en Baltique, est-ce que nous choisissons de prendre notre temps ? Ou bien d’enchainer le maximum de milles pour arriver à Stockholm au plus vite ? Buller dans des ports ou bien être toujours en train de réfléchir à la prochaine étape. Débats.


Évidemment, nous nous rendrons compte très vite que ce n’est pas nous qui choisissons ni le rythme, ni le chemin de ce voyage !


De Langeland, nous voulions contourner l’île de Lolland par le Sud, mais une fois sur la mer, le vent était trop derrière nous, les vagues trop devant (c’est désagréable pour tout le monde), nous décidons de contourner par le Nord, cap du l’île de Femø. À l’arrivée : le plus petit port où, pour l’instant, nous avons fait escale, la nature, et quelques bateaux venus, comme nous, chercher le calme. Cette île ne comporte que deux villages, une toute petite épicerie, un hôtel-restaurant, un festival de jazz réputé et une église. Elle vit au rythme du Ferry qui la relie à Lolland qui passe toutes les 2h. Cette île nous fait penser à la maison d’Échannay (chez le père de Manon, ceux qui y sont allé.e.s comprendront pourquoi) : perchés dans les arbres, les habitant.e.s ont caché peluches, marionnettes et autres ami.e.s, pour raconter des histoires. Les chemins sont décorés, avec des instruments de musiques ou des grands animaux en tissus et tous les bancs de l’île sont peints par les habitants. Une balade en vélo avec des températures maximales de 13 degrés, un peu de pluie et nous voilà repartis.


Nous effleurons l’île de Falster en nous arrêtant une nuit à Stubbekøbing, le temps de faire quelques courses, et prendre un cours non-officiel d’amarrage. Au Danemark, on ne s’amarre pas comme chez nous : finis les catway, nous devons nous amarrer face au quai, entre deux poteaux. Il faut manier l’art d’arriver très lentement et bien perpendiculaire, d’attraper les poteaux, sans se faire pousser par le vent, en s’arrêtant avant d’heurter le ponton (tout un programme). Notre voisin Allemand nous donnera ses astuces de loup de mer.


Une magnifique navigation par grand beau temps, vent arrière juste parfait, nous emmène sur l’île de Møn. C’est l’effervescence dans le port : la saison d’été va débuter, ça astique les bungalow, ça répare les choses à réparer, ça remet un coup de peinture dans les bars. Pour nous c’est aussi notre première vraie plage de sable, les premières vraies températures estivales, les premières nuits hublot ouvert. Nous visitons les falaises (dont les danois sont très fiers, mais nos Etretat ou Belle Île en mer adorés sont bien plus impressionnants), faisons une grande randonnée dans les hauteurs, rejoignons la capitale de l’île, Stege, (nous venions voir les fresques de son église, fermée pour travaux, ce sera pour la prochaine fois !). Et puis … les prévisions nous donnent du vent d’Est, du vent d’Est et encore du vent d’Est pendant une semaine. Depuis le début de l’aventure, nous avons eu beaucoup de chance, les vents d’Ouest nous ont à peu près emmenés dans le sens que nous voulions, là c’est raté. Quelque part, c’est aussi rassurant de se dire que des périodes de vent d’Est existent, puisqu’un jour, il faudra faire le chemin inverse et que le vent nous raccompagne à la maison à la fin de l’été !


Alors, au lieu de se se faire à l’idée de rester immobiles pendant 5 jours et tandis que le village prépare une grande fête pour la Saint Jean : nous décidons de rater à contre-cœur l’événement pour essayer de forcer le destin et partir en Suède grâce à un petit vent de nuit. Note pour plus tard : on ne force pas le destin en bateau. Après avoir tiré des bords à n’en plus finir pour contourner Møn, nous n’arrivons pas du tout à faire cap sur notre destination, alors changement de plan : la nuit nous amènera passer le week-end à Copenhague !


Une nuit dans le calme absolu au bruit du pilote automatique, à guetter les bateaux sur le GPS, guidé.e.s par la lumière nocturne de l’horizon. À 5h du matin, nous arrivons presque seul.e.s dans la baie de Copenhague au pied d’immenses éoliennes, on fait coucou au pont de Malmö et à la Suède. Et on s’amarre dans le port très cool et un peu hippie de Margretheholms entre bâtiments industriels et végétation, le soleil s’engouffre dans Luciole et l’équipage fait une grande sieste bien méritée.


Grand coup de cœur pour cette ville qui nous redonne, pendant 4 jours, un peu d’urbanité, nous fait dépenser pas mal de couronnes, manger des glaces, et surtout faire beaucoup de vélo le long des canaux ! C’est le premier week-end de l’été : les étudiants fêtent leurs diplômes en sillonnant la ville dans des camions à bestiaux, en hurlant et dansant à grands coup de sifflets, tout le monde se baigne et fait des barbecues. Nous on profite de cette longue escale en touristes, sous le soleil exactement.


Ce soir le vent d’Est passe à l’Ouest pour à peine 24h, alors, à la fin de la journée, Luciole sortira de sa place de port, repassera devant les éoliennes, refera coucou à Malmö et mettra cap au Sud pour un long trajet : le sud de la Suède ou bien l’île danoise de Bornholm ? Cela dépendra du vent, des vagues et de l’énergie de son équipage !