Les Pays-Bas par l’intérieur, cela nous intriguait depuis que nous avions suivi les aventures d'Olivier et Isabelle sur leur Ptit Plouf (rencontrés à Boulogne lors de notre escale forcée de l'été dernier, et dont les aventures sont une des inspirations de cette idée de partir quelques mois).


Nous sommes donc rentrés aux Pays-Bas par le sud, avons passé maladroitement notre première écluse, attendu que le premier pont sur notre chemin se lève pour atterrir dans le village pittoresque de Veere, son port minuscule avec les nombreux touristes qui déambulent sur les quais à l'affut de la moindre erreur d'accostage. Luciole s'en tire avec les honneurs dans ce paysage de carte postale. Changement de décor après les côtes du Pas-de-Calais et de Belgique !


La découverte des mers intérieurs est délicieuse : du vent, du soleil, beaucoup de voiliers sur l'eau, très peu de vagues, des îles un peu partout. Et toujours : des ponts, des écluses, des éoliennes : on suit un dédale de bouées qui nous portent vers le nord. Quelques maladresses aussi : un peu de peinture de la coque de Luciole laissé sur un ponton d'une écluse néerlandaise. Puis, quelques dizaines de minutes plus tard, une grosse frayeur : la quille du bateau s'est enlisée dans un banc de vase à l'entrée d'un chenal - impossible de bouger nous sommes plantés, c'est un pêcheur qui nous aidera à en sortir - nous atterrissons dans un minuscule port au milieu des roseaux dans une réserve d'oiseaux. Paradis.


La seconde partie de la remontée se fera au moteur : nous entrons dans les canaux. On barbote pendant une cinquantaine de miles, sur deux jours (pause touristique à Gouda), et on suit le guide qui nous indique où et quand vont ouvrir les ponts (guide uniquement en néerlandais pour nous faciliter la tâche). Le dédale aboutit au sud d'Amsterdam, où il faut attendre patiemment jusqu'au milieu de la nuit que les éclusiers décident d'ouvrir les 14 ponts du centre-ville au moment le plus opportun et faire remonter tout le monde en convoi. Ce soir là nous seront uniquement 2 voiliers à couper la circulation du périphérique, faire lever des voies de chemin de fer, et arrêter des tramways pour arriver à 2h du matin en plein cœur d'Amsterdam. Dans un dernier effort avant repos, Luciole se lance sur le fleuve pour rejoindre la Marina, très heureux de ne croiser aucune péniche sur son passage dans l'obscurité.