Nous avons passé deux jours à Amsterdam, à nous reposer, manger des tartes aux pommes et flâner le long des canaux. Juste assez pour se donner envie de revenir bientôt passer une semaine dans cette ville, faire des musées, voir le jardin botanique, prendre des vélos pour explorer les alentours et faire quelques boutiques. En attendant, la Marina d’Amsterdam est certainement la seule à posséder des sanitaires avec baignoires et fenêtres, et c’est un luxe !


Et Lulu est reparti le long du fleuve Ij, à éviter les péniches et les cargos pour rejoindre des immenses lacs : le Markermeer et le Ijsselmeer. Avant c’était la mer, un golfe de la mer du Nord où des immenses digues ont été construites au début du XXe siècle pour séparer ces plans d’eau. Réserves d’eau douce, capacités hydrauliques gigantesques, mais aussi un véritable désastre écologique (détruire un golfe d’eau salé, c’est aussi faire disparaitre sa faune et sa flore, merci les gars).


Nous avons louvoyé face au vent pendant de longues heures, pour arriver à Hoorn avec une nouvelle aventure technique : le moteur avance bien trop timidement. Les fautives : des algues enroulées dans l’hélice. Vite, on jette l’ancre, Antoine saute dans sa combinaison, et plonge dans l’eau pour retirer ce qui nous gênait et enfin entrer au port.


Ici c’est plein de petits villages médiévaux, marqués par des grandes histoires d’explorateur. Hoorn car c’est d’ici que le premier européen à passer le cap d’Amérique latine le plus méridional (le plus fameux cap Hoorn) est originaire. Beaucoup plus simple pour Luciole à passer, le cap Hoorn hollandais a été franchi avec facilité le lendemain, parmi des centaines de voiliers sur l’eau. Pas un peuple de marins pour rien ! C’est beau même si ça fait terriblement peur à l’une d’entre nous, de rentrer en collision avec un autre bateau...


Initialement, nous voulions remonter ces lacs et passer en mer du Nord pour mettre cap à l’Est direction l’Allemagne, mais une fois arrivés à Medemblik (bled sans grand intérêt touristique par ailleurs), les fichiers météos annoncent beaucoup de vent dans les îles de la frise. Changement de plan, on reprend notre guide de la Staande Mastroute (la route des Mats debout, celle qui passe par les canaux), pour en emprunter la partie nord. En attendant : deux jours assignés à Medemblik, avec de la pluie et du vent. Enfermés dans notre habitacle à regarder passer la dépression : podcasts, tricot, sudoku et cuisine pour s’occuper.


On traverse le Ijsselmeer et après une entrée fracassante dans notre première écluse prise avec beaucoup trop d’élan (et de vent arrière qui nous pousse) (bon, il y a plein de fois où on prend parfaitement les écluses, promis ! ), nous voilà de nouveau dans les canaux. Tout à la voile pour cette première journée ! De ce côté-ci, les paysages sont beaucoup plus verts, nous sommes en pleine campagne. Un bonheur de glisser silencieusement au milieu des vaches, des lapins, des familles de canards, des poules et … des agriculteurs qui épandent. Et pour dormir, il suffit de s’amarrer sur un ponton, en libre accès, au milieu des roseaux (comme à proximité de Grou), ou bien en bordure d’un rivage au milieu d’un village (ce que nous faisons à Dokkum, au pied d’un moulin, sous la pluie battante).


Allez ! En repartant de Dokkum notre second pont à franchir est en panne. Ça aurait été bête de faire la Staande Mastroute sans histoire de pont cassé à raconter ! Par chance c’est le premier jour de soleil chaud depuis un moment : une petite colonie de 15-20 bateaux s’amarre, boit des cafés, lit des bouquin en attendant. Et ça repart en gros convoi à travers champs. Chemin faisant, le canal devient rivière, et derrière la (presque) dernière écluse nous nous retrouvons au milieu du parc naturel de Lauwersmeer : des roseaux, des oiseaux, et la rivière devient lac. Après deux jours au moteur - les canaux ça a du charme mais en même temps c'est long et monotone et ça abime les flancs des bateaux - , on ressort les voiles pour atterrir dans le dernier port avant la mer du Nord, au pied de l’ultime écluse.


Vidange moteur faite, cartes marines ressorties, courants et marées calculés, haut fonds repérés... Maintenant, l'équipage à hâte de repartir dans la mer, d'avancer plus vite, et de faire des longues navigation pour sauter vers le prochain pays : le pavillon allemand est déjà prêt à être hissé !